Jarvis Cocker & Neil Hannon Cousin Cousine
Interview: Neil Hannon (propos recueillis par Emmanuel Tellier), Photo: Renaud Monfourny
Taken from Les Inrockuptibles, May 1994

Habillé en Tintin reporter, Neil Hannon s'échappe de Divine Comedy. Ses questions gribouillées dans un petit carnet, il interroge son cousin d'âme de chez Pulp: Jarvis Cocker, paré pour la célébrité avec son impeccable album His 'n' Hers. Ensemble, ils discutent fruits de mer, caméscopes, Top of The Pops et Manchester United.

Neil Hannon - Pourquoi as-tu accepté cette rencontre?
Jarvis Cocker - Lorsque quelqu'un veut me rencontrer, ça me remplit de bonheur. Ça signifie que ma mission - intriguer les gens, faire parler de Pulp - est un succès. Le jour où je n'intéresserai plus personne, je prendrai ça pour une sévère défaite personnelle... Et rencontrer un autre chanteur intelligent, quelle charmante idée ! D'habitude, les groupes de rock passent leur temps à boire.

Je t'ai vu à la télévision la semaine dernière: vous aviez fière allure. Visuellement, vous seriez vraiment le groupe idéal pour Top of The Pops.
J'ai grandi avec cette idée en tête, une vraie fixation. Passer à Top of The Pops! Je me considérerai comme un raté tant que je n'y serai pas passé. Par contre, lorsque ce jour viendra, ce sera vraiment la fête, le grand show. Je sais déjà quelle chemise je porterai. Elle est prête, rangée dans un placard, bien repassée... J'ai formé ce groupe dans ce seul but: passer à la télé, exciter les filles de tout le pays, mettre le feu au plateau. Tout le monde rêve de ça, en Angleterre. De Blur à Morrissey, les mecs crèveraient pour Top of The Pops. Pas toi? Mince! Tous ces gens chez eux, le jeudi soir, devant leur télé. Toute l'Angleterre qui te regarde, en buvant du thé. Génial, non? Je crois que tu devrais y penser, en faire un de tes buts dans la vie. Ce genre d'obsession aide à avancer lorsque tout va mal.

Tu écoutes beaucoup de jeunes groupes? Moi, j'ai voulu me couper des nouveautés, pour ne plus être influencé.
Nous n'avons jamais été tentés de copier les autres, car nous n'en avions pas l'aptitude technique. Au départ, nous ne savions pas jouer. Comment imiter tes idoles si tu ne sais pas jouer de ton intrument? Alors, nous étions contraints de rester dans notre coin, de composer nos propres chansons autour des quelques accords que nous connaissions. Ce qui nous a permis de trouver notre propre son. Le son de Pulp, le son des handicapés (rires)... Nous avons appris à jouer au même rythme. Pas de virtuose dans le groupe. Donc pas de solos de guitares.

Tes musiciens actuels n'étaient pas membres du groupe original.
Je suis le seul membre d'origine. J'ai perdu les autres de vue. Je crois que l'un d'entre eux est devenu prêtre.

Moi, je paye mes musiciens à la session. Je peux donc faire ce que je veux, j'ai la paix. Je ne pourrais plus travailler dans unformat de groupe classique.
Pulp n'est pas non plus une démocratie. Tout le monde sait qui dirige le groupe. Mais je sais un bon patron: les nouveaux sont avec moi depuis cinq ans. Notre fonctionnement me semble bon. Si l'un des membres a des idées précises et nobles sur le groupe, pourquoi les autres devraient-ils lui faire la guerre? J'ai la chance de bosser avec des gens intelligents. Qui savent se taire lorsque je monte le ton.

Tu aimes te battre?
Dans la vie, je suis une mauviette. Si quelqu'un me cherche des noises, je me sauve en courant. Par contre, pour tout ce qui touche au groupe, je me transforme en chien enragé. Pulp, c'est mon univers. Personne ne doit venir marcher sur mes plates-bandes.

Est-ce que tu souffles lorsqu'on écrit une saloperie à ton sujet?
Toujours. J'essaye de prendre du recul, de me dire qu'il y a des choses plus graves dans la vie. Mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir mal. C'est toute ma vie, ce groupe. Quand on insulte Pulp, on m'insulte avec. Si un type écrit que ton disque est ennuyeux, ça signifie que tu es ennuyeux toi-même, que tu t'es battu depuis des années pour ennuyer les gens. Tout est remis en cause, des choses très intimes: "Pourquoi as tu formé ce groupe? Est-ce que tu es assez bon pour chanter et enregistrer des disques? Et à quoi ça sert, tout ça?" Je me dis souvent que la meilleure place, c'est d'être dans le public. Le spectateur ne souffre pas. Il prend juste du bon temps. Je n'ai jamais été aussi heureux que quand j'étais perdu dans le public. Je me souviens de concerts des Stranglers et de Devo. Ce monde-là était neuf pour moi. Nouveau et fascinant. Mais le côté magique a complètement disparu. Désormais, je connais l'envers du décor, je n'ai plus aucune raison de rêver. Ça me rend triste.

J'ai l'impression que Pulp est un peu "protégé" dans ce pays. Depuis deux ou trois ans, les journalistes vous ménagent.
Ils ont sans doute pitié de nous. "Pulp? Ils jouent depuis des années et n'ont jamais eu le moindre succès. Foutez-leur la paix, ils ne font de mal à personne." Je ne plaisante pas. Je pense sincèrement qu'une majorité des journalistes nous respectent et nous poussent aujourd'hui parce qu'ils nous ont ignorés pendant toutes ces années. Le travail est une vertu dans ce pays, une valeur célébrée depuis des siècles. Et Pulp a bossé dur: nous méritons donc le prix du groupe le plus combatif du royaume (silence)... Mais les prix de consolation ne me suffisent plus. Nous venons d'enregistrer notre meilleur album. Il est temps que ce groupe soit célébré pour ses chansons, non? L'époque semble plus favorable, l'atmosphère générale est meilleure. Aujourd'hui, les gens ont l'air plus attentifs à la qualité, à il ambition, à l'humour. Souvenons-nous des temps sombres, l'année 87, par exemple. Rien d'excitant, cette année-là. J'ai pensé hiberner.

As-tu déjà perdu la foi?
Pas complètement, mais j'ai souvent frôlé le mur du désespoir. J'ai atteint le fond du gouffre en m'installant à Londres, il y a quelques années. J'avais décidé de quitter Sheffield - une décision en apparence facile, car j'avais passé toute ma vie dans ce trou. Le groupe existait depuis cinq ans et rien ne s'était passé. Il fallait que je réagisse, que je prenne ma vie en main. Sinon, j'allais finir à la rue, comme un zombie. A Sheffield, je voyais souvent des types de 35 ans qui se baladaient, les yeux dans le vide, habillés comme des ploucs. Des types dont j'avais adoré les concerts, dix ans plutôt. Des vrais rockers, des stars locales, transformés en légumes parce qu'ils avaient été incapables de changer, d'évoluer, de dépasser leurs propres limites. J'avais décidé que ça ne m'arriverait pas... Je pars donc pour Londres, la tête pleine d'ambition. "Londres, tu vas voir ce que tu vas voir. Je m'appelle Jarvis, et mon groupe, c'est Pulp! Ça va chauffer!" Et là, je découvre une ville morte. Ou alors morte pour moi. C'est-à-dire totalement hermétique, se foutant royalement de ma petite ambition. Un terrible échec... J'ai vraiment cru que j'allais tout lâcher.

Mais notre boulot est très particulier. Il n'y a pas de véritable sanction, pas d'échec professionnel. Artistiquement, nous sommes notre seul patron.
Ce n'est pas toujours facile à vivre. Parfois, je préférerais avoir un patron, avoir des comptes à rendre. Lorsque je vivais à Sheffield, les gens me demandaient ce que je faisais dans la vie. Je n'étais plus à la fie, je n'avais pas de boulot rémunéré. Je n'étais pas non plus chômeur. Alors je répondais "Eh bien, depuis cinq ans, je joue dans un groupe." Il fallait voir la tête des gens, complètement incrédules. C'est comme si je leur avais dit "Eh bien, depuis cinq ans, je suis resté dans mon lit." je n'avais rien de concret à leur montrer. Pas de coupures de presse, pas de disque dont je sois particulièrement fier. Rien. Pulp, c'était du vent. Pour mes oncles et mes tantes, j'étais un incapable. L'Angleterre a pourtant la réputation d'un pays sensible à l'art, au rock en particulier. Un pays qui chérit ses artistes. S'il reste des gens qui adhèrent encore à cette thèse, je serais ravi de leur faire visiter Sheffield.

Est-il plus facile d'acquérir un statut à Londres? Je suis assez inquiet à ce sujet
Après une pénible période d'adaptation, j'ai réussi à intégrer le "milieu". Des gens qui m'appréciaient dont introduit dans le cercle. On m'invitait à des fêtes, à des concerts. J'ai rencontré des personnes avec qui je pouvais enfin partager des choses. Il y avait des tas d'imbéciles, mais aussi des gens très bien... Maintenant, j'aime vraiment Londres. L'anonymat de la grande ville me terrorisait, au départ. Mais depuis quelque temps, des gens se retournent sur mon passage. A Sheffield, tout le monde me connaissait. On m'aimait ou on me détestait, mais personne ne m'ignorait. J'étais un peu le prince de Sheffield.

Est-ce que tu bois du café ? Es-tu "accro"? Au café ou à autre chose?
Je ne bois du café que s'il est très fort. J'ai eu mes périodes de dépendance. Ça dure généralement quelques semaines, après quoi je décroche sans problème. Je suis un passionné. Je traverse des phases.

As-tu déjà eu des boulots classiques?
Là-bas, je bossais dans un marché au poisson, un jour par semaine. J'étais laveur de crabes. Ces fumiers arrivaient vivants, dans des grands paniers. Il fallait les décrasser, avec un couteau. Et puis, plus tard, je suis passé aux moules. C'est un peu moins répugnant, les moules. Tu as écrit une chanson (A Seafood song) sur les fruits de mer, non? Un texte très romantique, un peu trop sans doute (sourire)... Moi, les fruits de mer m'ont plutôt joué des tours. Mes relations avec les filles ont beaucoup souffert de cette activité à la criée... Quand je rentrais à la maison, je puais le poisson, c'était insoutenable. Alors je plongeais mes mains dans un seau rempli d'eau de Javel, pendant trente minutes. Quand j'arrivais au bar où allaient toutes les minettes, mes mains étaient roses et toutes flétries. Avec un double parfum: Javel Plus et cocktail de crevettes.

Tu as connu des moments difficiles. Aujourd'hui, as-tu l'impression d'être à ton zénith?
Physiquement, oui (rires)... je n'ai jamais été aussi beau! Artistiquement, non. C'est pourquoi j'espère avoir le soutien du public et de notre maison de disques. Pour avoir la chance d'aller plus loin. Etre à mon zénith seul dans ma chambre, quand il n'y aura plus personne pour me voir, West pas une idée très excitante. Lorsque je serai au top, j'aimerais bien qu'il y ait quelques êtres humains pour m'applaudir.

Tes chansons sont-elles: a) uniquement inspirées par ta propre vie? b) partiellement inspirées par ta propre vie? c) totalement fictives?
La réponse se situe à mi-chemin entre a) et b). Chanter sur des histoires complètement inventées ne m'intéresse absolument pas. En fait, la vie d'un Anglais moyen comme moi suffit amplement à remplir un album. Il y a tant de choses à dire, tant de grisaille à dépeindre. Sur notre nouvel album, la majorité des chansons parle de séparation. Tous mes copains sont en train de divorcer, en ce moment... Il y a trop de jeunes groupes qui chantent sur il amour, sur l'espoir. "Yeah, c'est cool, tout va s'arranger. Et le ciel va se remettre à briller!" Quel paquet de conneries! Désolé, les morveux, mais les choses ne vont pas s'arranger... Il y a un tel décalage entre ce qu'on chante dans les pop-songs et la réalité. La semaine dernière, j'apprends que mon oncle vient de mourir. Ma mère me dit la nouvelle, en larmes. Et à la radio, qu'est-ce qui passe? Ce truc américain, Don't worry, be happy. J'ai failli péter le poste.

Que pense ta mère de ta carrière?
Elle me soutient. D'ailleurs, elle n'a jamais eu le choix: je n'avais qu'elle pour me soutenir. Mon père s'est casse en Australie quand j'étais tout petit... Mais j'ai été parfaitement élevé. Je déteste ces sociologues qui racontent que les foyers éclatés accouchent toujours d'enfants névrosés. Moi, j'ai toujours été parfaitement heureux à la maison... Parfois, aujourd'hui, ma mère m'embarrasse. Particulièrement à Noël, lorsqu'elle insiste pour passer un de mes disques à la fin du repas.

Quel est le plus grand danger dans ta vie?
L'indifférence des autres. L'indifférence totale, extrême. Ce jour noir où personne ne s'intéressera plus à nous. Jusqu'à présent, nous avions un alibi en béton: manque de moyens, pas de label pour nous soutenir, des disques sans budget, plus bidouillés que véritablement produits. Mais là, les choses sérieuses commencent. Notre nouvel album ressemble enfin à cette idée de Pulp que j'ai en tête depuis dix ans. L'enregistrement a été sérieux, appliqué, gratifiant. Nous sommes parfaitement soutenus par notre label. Nous avons un manager performant, une équipe de promoteurs, des attachés de presse. Logiquement, notre public potentiel cessera donc de nous ignorer: nous allons être exposés. Il y aura des affiches dans tout le pays, nos disques dans les magasins. Si nous nous plantons, nous n'aurons donc plus aucune excuse. Le seul responsable, ce sera moi. Car je n'aurais pas été capable d'écrire "la bonne chanson". Et honnêtement, je ne le supporterais pas (silence)... Si cette fois les gens n'accrochent pas, alors je n'aurais plus qu'à tout quitter. Je suis très sérieux: si ce disque se plante, je raccrocherai. Parce que je ne supporterai pas d'être un perdant à plein temps. Pour moi, il sera grand temps de passer à autre chose.

Es-tu sûr de pouvoir tout quitter?
Je ne quitterai pas la musique, car c'est une activité vitale pour moi. Mais ma musique ne dépassera plus les limites de ma chambre. Je jouerai pour moi-même, à l'abri des regards. Mais ce sera dans la douleur. Le plaisir solitaire ne me passionne pas... Moi, j'ai toujours voulu être aimé par les autres. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour me faire des amis, pour communiquer avec les autres. Soit je les séduisais, soit je restais dans mon coin. Mes seuls amis, je les dois au groupe. Sans lui, je ne suis rien.

Crois-tu qu'un jour, l'Angleterre sera un beau pays, une nation quis occupe de ses enfants, de ses personnes âgées, de ses malades?
Non. Et c'est justement pourquoi des gens comme nous forment des groupes de rock, pourquoi tant d'autres écrivent des livres ou montent des pièces de théâtre. Si ce pays était un paradis, nous damions rien à dire, aucune frustration à libérer. La politique, le temps pourri et la nourriture : ce sont les trois mamelles du rock anglais. Dans un pays où l'on se moque des petites gens, où il pleut en permanence et où la bouffe est si immonde, que veux-tu faire d'autre que du rock? Si tu ne veux pas rester chez toi à regarder des émissions minables en mangeant des trucs marron, l'art est le seul moyen de t'en sortir.

Quel est l'aspect de ce pays que tu détestes le moins?
Il y a des tas de choses qui me plaisent en Angleterre. Mais je suis incapable de t'en citer une sur-le-champ (rires)... Ça me rappelle certaines histoires d'amour. Tu es avec une fille et tu la regardes. Tu la trouves un peu con, assez moche et pourtant, tu l'aimes. J'ai le même genre de relation avec mon pays.

Que faudrait-il faire pour rendre cette île plus vivable?
Commencer par changer de gouvernement. Puis relancer le petit commerce. Détruire tous ces grands centres commerciaux qui défigurent le centre de nos villes. En ce moment, les promoteurs sont en train de tuer Sheffield, à grands coups de galeries commerciales. Toujours les mêmes boutiques, le même décor en faux marbre. Ils ont même pour projet de construire une rue nommée Bourbon Street, qui sera la réplique d'une rue de La Nouvelle-Orléans. A Sheffield. On croit rêver! Cette fois, vraiment, l'Angleterre est menacée.

Parles-tu français?
Un tout petit peu (en français dans le texte). Je n'ai jamais eu pour ambition de finir ma vie en Angleterre. Je veux voir le monde, communiquer avec les gens. Et la France occupe une place dans mon coeur. C'est le premier pays étranger où nous avons joué.

Pourquoi I'Amérique est-elle un pays si minable?
(Rires)... Je ne suis pas si sévère que toi, même si des tas de trucs américains m'exaspèrent. Leur prétendue hégémonie dans le domaine du cinéma me donne envie de vomir. Tous ces discours du type "Le cinéma anglais n'existe pas. Seuls les Américains savent faire de grands films." Du coup, des Anglais comme Stephen Frears partent bosser à Hollywood. Le misérable! Comme s'il n'y avait rien à raconter sur notre pays... Quand je vais voir un film français, je choisis un Godard ou un Truffaut. Je ne vais pas voir un film de Luc Besson, un film de tricheur, de menteur. Si je veux me taper un truc américain, je vais à la source - Clint Eastwood, par exemple. Luc Besson peut toujours crever! Les Français et les Anglais ne savent pas faire les films où tout le monde se tire dessus. Laissons ça aux cowboys. Mais mon réalisateur préféré, toutes catégories confondues, c'est Mike Leigh.

Possèdes-tu un caméscope?
Non, le caméscope, c'est l'ennemi. Pourtant, ma mère voudrait tant m'en offrir un. J'ai suivi des études de cinéma, donc forcément, je veux un caméscope. C'est logique, non ? (sourire)... Hélas, tant de gens possèdent une de ces saloperies aujourd'hui. Ils ont sans doute l'impression d'échapper à la réalité, de devenir des témoins et non plus des acteurs. Tous ces idiots de touristes ont l'air si cons avec leur caméra. Dans les musées, on les voit filmer les tableaux. Et oublier de regarder l'oeuvre avec leurs propres yeux... J'ai lu dans le journal qu'un touriste allemand, en vacances avec sa fiancée, avait filmé la malheureuse en train de se faire attaquer par un requin. Heureusement, elle s'en est sortie. Je crois que le mariage a été annulé (rires)... Je commence à me faire une petite réputation dans le milieu, sans doute grâce au clip que j'ai réalisé pour Aphex Twin. J'ai aussi bossé avec les Tindersticks. Récemment, j'ai réalisé un moyen métrage autour du thème "La première fois", pour accompagner la sortie de notre 45t Do You Remember The First Time? Des tas de nanas y racontent leur première expérience sexuelle. Très excitant...

As-tu appris davantage à l'école ou depuis l'école?
Pendant mes années de collège et de lycée, mon développement s'est totalement arrêté. J'étais le même garçon à 16 ans qu'à 10 ans, un petit gosse sans grand relief. Le vrai changement est venu plus tard. Grâce aux filles, en particulier. Grâce au groupe, aussi.

Beaucoup de jeunes gens ressentent ce que tu viens de décrire, ce sentiment de stagnation. Le système éducatif britannique est coupable: les autorités veulent façonner les gosses selon le même schéma.
Il fallait être vraiment fort pour résister à cette uniformisation. A l'école, il y a des gosses qui retiraient leur uniforme pour protester, mais ils se faisaient cogner dessus. Nous n'avions pas le choix: il fallait suivre le sens du courant. Moi, j'attendais des jours meilleurs... je crois qu'on devrait encourager les adolescents à prendre une année sabbatique entre le lycée et la fac. Ça les rendrait moins cons. J'ai toujours détesté les étudiants. Tous ces babas, ces mecs qui portent des robes. A Sheffield, je leur faisais la guerre. Ces petits crétins pensent tout savoir, mais en vérité ils n'ont rien vu de la vie. Les étudiants et les rugbymen sont les deux espèces humaines que je déteste le plus au monde.

Est-ce que Dieu existe?
Je ne sais pas... je crois à la moralité, au bien et au mal. Mais la religion da jamais joué un rôle dans ma vie. A 9 ans, ma mère m'a proposé de suivre le catéchisme. J'y suis allé deux fois, puis je suis retourné jouer au foot avec mes copains. Mon expérience la plus "religieuse", je l'ai connue dans un club de danse de Sheffield, une boîte psychédélique où les murs sont couverts d'inscriptions religieuses, de slogans. Tu danses sur de la musique house, en écoutant des gens lire la Bible, de manière presque subliminale. Mais le seul dieu, dans ce genre d'endroits, c'est le LSD. Ce club nous a coûté un bassiste. Le pauvre vieux ne s'en est jamais remis.

Pourquoi l'équipe de Manchester United est-elle si bonne?
Phénomène surnaturel, sans doute... Il ne faut surtout pas chercher à comprendre. Idem pour l'élimination de l'Angleterre et de la France pour la phase finale de la Coupe du monde. Comment, autrement que par des phénomènes surnaturels, peut-on expliquer l'élimination de ces deux grandes nations du football?

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